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"Bost" un "cinq" mystérieux mais bien pratique (Elgar N° 599 JANVIER/FEVRIER 2020)

En euskara, "bost"ou "bortz", dans certaines régions, signifie "cinq". L'étymologie de ce mot est très obscure et pourrait selon le linguiste et étymologiste Michel Morvan être rapprochée de la racine caucasienne "borts-", qui veut dire "patte", dans la mesure où une patte est souvent divisée en cinq parties.

En basque, le mot "bost", au-delà de son utilisation première de chiffre est aussi présent dans quelques expressions idiomatiques.

Ainsi, en basque, "importer" (comme dans "cela m'importe") se dit "axola izan", de "axola", souci, préoccupation, et "izan", être. Et très étrangement, pour dire "cela m'est égal", ou "je m'en fiche", on utilise l'expression "bost axola izan" qui est très difficilement traduisible... Peut-être, "cela m'importe comme le cinq" ou pour rejoindre l'étymologie évoquée par Michel Morvan, "cela m'importe comme ma main"? Cette expression est d'ailleurs tellement répandue que les Basques disent en synthétisant "niri bost axola!", pour dire "ça m'est égal !", de "niri" (à moi).

L'expression "camper sur ses positions" ou "en son for intérieur" se dit aussi "bere bostean" (littéralement "dans son cinq").

Enfin, en basque, on ne dit pas "ses quatre vérités" à quelqu'un mais "ses cinq" avec l'expression "neureak eta bost esan" (littéralement dire les siennes et cinq). Pratique ! Mais étrange !

Jean-Baptiste Heguy

 

 "Mahats", un raisin bien pratique (Elgar N° 598 NOVEMBRE/DECEMBRE 2019)

En basque, le raisin se dit "mahats". C'est la racine de tous les mots qui s'y rapportent. "Mahatsaien" est le sarment, "mahatsmolko" est la grappe de raisin. "mahatsondo", le pied de vigne et "mahatsbiltze" (ltt. : rassemblement du raisin) est la vendange.

Mais de manière très poétique, le mot "mahats" sert aussi à désigner un grand nombre d'autres baies que l'on peut trouver parmi les fruits. Ainsi "mahatsbeltx" (littéralement : raisin noir) n'est autre que le cassis. Parallèlement, "anderemahats" (littéralement : le raisin des dames) sert à désigner la "groseille". Enfin, la myrtille se dit "ahabia" ou "berromahats" (littéralement : le raisin des buissons ou des broussailles).

Jean-Baptiste Heguy

 "Ura" l'eau est aussi où on ne la voit pas...(Elgar N° 597 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2019)

Come tous les mots basques très courts, le mot "ura" est certainement très ancien et est peut-être une transposition d'une vieille racine indo-européenne, que l'on peut retrouver dans des noms de cours d'eau comme "l'Eure", la rivière normande.

En euskara, "ura" sert à former de nombreux mots. Ainsi l'île se dit "uhartea", c'est-à-dire "entre l'eau ou les eaux". A noter que ce nom a aussi servi en toponymie. Ainsi la ville de Uhart-Cize en Basse-Navarre (Uharte-Garazi en euskara), tire très certainement son nom du fait que le village est situé au confluent de trois cours d'eaux : la Nive de Béhobie, la Nive d'Arnéguy et le Luarhibar, au lieu-dit "Irureta", les trois eaux.

De même, "ura" sert aussi à désigner des animaux aquatiques. En Iparralde, la loutre est ainsi appelée "urtxakur" (littéralement, "chien d'eau") ou "uraberea" (littéralement, la bête (axera) de l'eau).

Comme la mythologie n'est jamais très loin, "uhanderea", la dame de l'eau, désigne logiquement la "sirène", mais aussi le triton.

Au figuré, "urbegia", 'littéralement, l'oeil de l'eau) désigné la source, tandis que "uratea" (littéralement, "la porte de l'eau") désigne l'écluse.

Enfin, la couleur "bleue", se désigne logiquement "urdin" (de "ura", l'eau et "din", qui est comme).  

 

Jean-Baptiste Heguy