"Zur/Hezur“ : le bois aussi dur que l'os (Elgar N° 611 Janvier/Février 2022)

En euskara, le couple "zura" (le bois) / "ezura, hezura" (l'os) est tout sauf un hasard. En linguistique, on dit qu'il s'agit d'un "doublet" qui désigne des mots très proches par leur forme propre, et qui se rapproche aussi par le sens qu'ils ont, même si le rapport n'est pas immédiatement décelable.

Ainsi, l'autre doublet célèbre "lurra/elurra" la terre/la neige)  remonte certainement, selon José Miguel de Barandiaran, à une époque très reculée de glaciations, et de temps très durs où la terre "se confondait" avec la neige. Pour le bois et l'os, al dureté est évidemment le lien de sens qui unit les deux mots. 

A partir de "zura", a été créé "zurgina", le charpentier, le menuisier (de "zur" et "egin", faire).

Le terme "zurgaikoa", désigne quant à lui en marine le "perroquet", une des voiles les plus hautes qu'on trouve sur un bateau et qui est certainement dérivé de "zur" et de "gain", le haut du sommet. le "perroquet est donc installé sur "le bois du sommet".

De manière très imagée, l'expression "zur eta lur" (bois et terre) désigne quelqu'un de "stupéfait".

L'os, "hezur", a servi de base pour former "hezur-huts", le squelette (littéralement, "l'os vide") et l'expression "hezurretan egon", avoir la peau sur les os, être maigre comme un clou (litt : être tout en os).

Enfin l'expression "hezur eta mami izan", être comme les deux doigts de la main, signifie littéralement en basque, "être comme l'os et la chair".

 

Jean-Baptiste Heguy