"Zain“ : la racine et le protecteur (Elgar N° 609 Septembre/Octobre 2021)
En euskara, le mot "zain, zaina" désigne deux concepts très différents, d'un côté la veine, le nerf ou la racine et de l'autre côté le gardien, le surveillant ou le protecteur.
Pris au sens de "racine", on retrouve "zain" dans plusieurs mots désignant des plantes ou des végétaux. Ainsi "zaingorri", littéralement "la racine rouge", peut désigner le géranium, en raison de la couleur écarlate de sa fleur. Sur le même principe, "zangorri", désigne la garance des teinturiers, une plante très connue pour la teinte rouge qui est extraite de son rhizome. Dans la même famille de mots, on trouve le mot "zainzuri" (littéralement, "la racine blanche"), qui en basque désigne l'asperge.
Sur le plan anatomique, "mihikozaina" (littéralement, la racine de la langue") désigne le petit filament qui rattache le dessous de la langue à la muqueuse de la mâchoire, le frein.
Au sens de "gardien, protecteur", on trouve ainsi "artzain" qui désigne le berger (littéralement, le gardien de brebis ou des moutons", de "ardia", la brebis ou le mouton). Le fleuriste, c'est "lorezain", littéralement "le protecteur ou le gardien des fleurs", de "lorea", la fleur. Logiquement, "erizaina", c'est l'infirmier ou l'infirmière (de "eria", le malade) qui est le gardien ou la gardienne des malades. Enfin, le policier, c'est "ertzaina", littéralement, "protecteur" du pays", de "herria", le pays). Et la police autonome basque est ainsi appelée "Ertzaintza".
Jean-Baptiste Heguy